Coeurs: le film d'auteur qui piège la critique

Publié le par David

En ce moment c'est à la mode d'opposer série et cinéma, mais aussi industrie culturelle de masse et films d'auteurs, je trouve que c'est un montage médiatique sans intérêt.  Prenons par exemple Godard aujourd'hui considéré comme l'archétype de l'auteur français non commercial qui à une véritable démarche artistique. Malgré son inventivité artistique lui aussi avait ses influences lorsque avec ses amis des Cahiers du Cinéma il lance la nouvelle vague. Il puisait ses bases de réflexions dans le cinéma américain. Déjà à l'époque la critique bien pensante rejetait ce cinéma divertissant avant tout. Pourtant lui il était fasciné par la manière subjective de montrer l'action dans les films (et encore pire des films de genre!) venant d'outre atlantique. On oublie tout cela un peu trop souvent.

 

 

 

 

 

 

Aujourd'hui que nous dit-on? D'un coté nous avons ceux qui avancent l'idée qu'en terme de réalisation, de narration et de thématiques les séries américaines sont non seulement plus intéressante que leur cinéma mais aussi que le cinéma français. Il est vrai que parfois je me range à cet avis en particulier face à un certain cinéma Français dit "d'auteur". Un sketch diffusé récemment dans l'émission 7 Jour Groland (pas vraiment réputée pour son pro-américanisme vous en conviendrez) se moque de ce cinéma intellectualiste minimal, il  montre un couple discutant dans une petite cuisine et se demandant qui va faire le café face à une caméra immobile. Pour finir le couple se dispute violemment et l'homme finit par casser la cafetière fou de colère et c'est la fin du film. Voilà ce qui représente ce que j'abhorre dans notre cinéma, une absence de recherche sur l'image, un jeu d'acteur minimaliste et un hyper-réalisme totalement factice. Tout ça pour mettre en avant les sentiments. Oui mais si l'image et la mise en scène ne vous intéresse pas écrivez des livres et pas des scénarii.

 

 

 

 

 

 

Dans le même temps cette image du cinéma français est aussi caricaturale que le fait de dire que toutes les séries américaines sont géniales. Il y a du talent partout et même plus d'influence des uns par les autres que l'on pourrait le croire, il suffit de ne pas être sectaire. Le 22 novembre sort le nouveau film d'Alain Resnais. Ce cinéaste (oui parce que en France réalisateur ça fait trop artisan au service d'une puissance supérieure) est aussi très prisé de l'intelligentsia intellectuelle, pour reprendre Bourdieu.

 

 

 

 

 

Moi pourtant, j'aime bien Resnais. Il a toujours voulu faire des films intelligents tout en étant conscient qu'il fait du cinéma et non du théâtre filmé. Il met l'accent sur les ambiances, la musique la lumière et essai de ne pas ennuyer le public par des longueurs inutiles et des fins sans réponses (Il suffit de voir des films comme La Moustache ou Caché, des fictions ou tout l'intérêt réside dans l'attente une chute que l'on aura finalement pas).

 

 

 

 

 

 

Avec Des films tels que On connait la chanson ou Pas sur la Bouche Resnais su réconcilier public et critique avec humour (rappelons aussi qu'il est l'auteur de Nuit et Brouillard ou encore Smoking/No smoking et plusieurs autres chef-d'oeuvres). Le 22 novembre des tas d'intellectuels vont donc aller voir le nouveau Resnais comme on va voir le nouveau Woody Allen sans se demander de quoi ça parle (et après on dit que la culture de masse à l'américaine -dont j'exclu Allen car ses films ne marchent qu'en France- formatent la jeunesse, si ça c'est pas du réflexe conditionné pavlovien!). Mais ils vont tous se faire avoir. Les critiques de Libé et de Télérama vont se faire piéger en beauté. Vous savez comme quand on mélange des légumes à la purée des enfants pour qu'ils ne mangent pas que des pommes de terre. C'est pareil.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Parce que Resnais lui, comme Godard et Truffaut, comme Kassovitz et Jeunet, il n'est pas enfermé. Il aime la bande-déssinée (et je parle pas de Tintin ou Lucky Luke, la Bd adulte) et il aime même certaines séries, pas toutes bien sur parce que aimer les séries c'est comme dire qu'on aime les livres ça veut rien dire. Il aime certaines séries parce que certaines d'entre-elles pour diverses raisons culturelles sont depuis quelques années (une dizaine je dirais) à la pointe de certaines recherches artistiques modernes. Resnais il regardait X-files et Millenium les deux séries fantastiques de Chris Carter. Et en regardant ces deux show il est tombé sur des ambiances qui lui plaisaient. Alors lui bien sur il ne veut pas faire du fantastique directement mais dans son nouveau film Coeurs il s'est dit que mettre en scène une atmosphère urbaine froide à la limite du surnaturel pouvait être intéressante pour l'exploration de la psychologie des personnages. Quelle idée étrange non, tenir compte de l'ambiance pour les sentiments, on y aurait pas pensé, parce que nous en France on est pas triste quand il pleut, on préfère se disputer pour savoir qui fait le café (dans Coeurs c'est la neige qui à son importance d'ailleurs). Mais Alain Resnais fait encore plus fort et va encore plus piéger les critiques.

 

 

 

 

 

En effet tout le monde trouve la musique de ce film formidable. Simple, sans grandiloquence excessive elle met parfaitement en avant les relations humaines. Et ce dimanche Michel Drucker encore ému de cette expérience demande à Sabine Azéma (une des muse de Resnais) assise sur le canapé rouge qui a composé cette extraordinaire musique. Il est déçu il ne connaît pas ce nom, Resnais à fait appel à un compositeur inconnu en France mais qui a marqué le réalisateur, Drucker s'en remet vite et félicite "Alain" (oui Drucker il appelle les gens par le prénom) pour ce choix. Mais qui est cet étrange compositeur qui va si bien à un film d'auteur français, il s'appelle Marc Snow compositeur découvert par Chris Carter compositeur de la série X-files (Azéma n'as pas jugé utile de le mentionner et je la comprend associer Resnais à cette série quelle idée, cela ne serait pas très bon pour l'image du film). Resnais a adoré sa musique dans les séries nommées plus haut et il s'est démené pour le faire venir travailler sur Coeurs. Rien à ajouter, tout est dit, les critiques sont bien piégés. Je vous laisse réfléchir le dessus... à suivre

 

 

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J
Bon d'accord. Pas faux. Mais moi j'aime quand même bien les films où des gens ne font rien devant la caméra, comme dans la vie, et où on se dispute pour savoir qui va faire le café (quit à casser la tasse, non mais!)... C'est souvent le cas dans le cinéma asiatique, et moi j'aime bien ces longueurs. Mais ça ne m'empêche pas d'aimer aussi quand les choses vont beaucoup plus vite, comme dans certaines séries par exemple. Mais alors ça ne me fat pas réfléchir, ou juste sur le ton du jeu, de l'amusement, de l'excitation. Mais intellectuellement ça m'apporte moins. Je préfère les films qui entrainent mon imaginaire à la façon de "l'attention flottante" des psychanalystes. Cela dit les longueurs sur le canapé rouge de Drucker, quant à elles, m'endorment plus qu'autre chose... ;) Question de contenu... Cela dit je ne suis qu'un consommateur occasionnel de cinéma...Mais sinon, vive la transgression! Pas de limite entre les genres et laissez nous danser ! (j'avais envie de dire ça depuis hier. T'auras le droit de l'effacer de ton blog... ;) )A+!
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D
Ah oui mais justement dans cinéma asiatique que j'aime beaucoup aussi les angles de caméra sont pensés réfléchis et servent l'action et l'inaction. La lentuer et les longueurs voire même l'ennui sont voulus. Ce que je reproche au cinéma francais est que cela n'est pas choisi, ils sont sur que la scène  ou il ne se passe rien va passioner les gens qui vont regarder. Lorsque Wong Kar Wai fait des longeurs il sait que cava endormir niotre vigilance et il en joue pour son intrigue et son esthétique. Moi uassi j'aime les films qui flattent mon intéligence mais deja ce n'est pas incompatible avec l'action (Cf: Matrix ) et en plus ca ne veut pas dire que l'image n'est pas un langage dont il faut tenir compte sinon comme je l'aid it on fait un livre c'est beaucoup mieux. Si l'image n'a pas d'importance alors pourquoi faire un film, l'inaction ok mais l'inaction bien pensée. Je reprend mon exemple de GOdard, dans a bout de souffle y'a des discussions totalement sans intêret entre  Belmondo et une atcrice américaine dont le nom m'échappe. en gros il veut coucher avec elle alors il fait semblantd e s'interésser a ce qu'elle lui raconte de sa vie quotidiennne, assez banal. Pourtant godard ne pose pas la caméra nimporte ou pour aller boire une café et son montage est exceptionnel, il faut juste un peu de génie.<br />  <br /> Ps: Je ne fait pas l'apologie de Drucker dans cet article,je susi juste tombé dessus, faut pas déconner non plus<br /> PPs: Alain Resnais à 84 ans ans, vive l'ouverture des jeunes!